Collège de la rue Labottière

TIVOLI- LABOTTIERE 1858-1907

Cependant, malgré le succès du Collège de La Sauve, l’éloignement de Bordeaux rendait caduc tout projet de développement.

            « Il fut décidé de créer un externat en ville, et pour cela, fut acquis en 1857, à Bordeaux, près de l’actuelle barrière du Médoc, l’ensemble qui comprenait la jolie maison des frères Labottière construite à partir de 1773, ainsi que les jardins, bois et sablières qui l’entouraient et qui avaient été transformés, sous le nom évocateur de Tivoli, en établissement de plaisir renommé par un entrepreneur de spectacles ».

            La pose de la première pierre par le Cardinal Donnet, eut lieu le 5 août 1858, en présence de « toute la fleur du public bordelais ».

            Le plan du futur bâtiment était dû au Père Emile Piérart de la Province de Paris, qui vint s’installer à Bordeaux jusqu’en 1861 pour mieux surveiller les travaux.

            Dans son parti initial, le plan, vaste et ambitieux était tout entier consacré au programme pédagogique.

2 longs corps de bâtiments dits ailes Nord et Sud (de 110 m. de long sur 16 m. de large), réunis par un bâtiment axial perpendiculaire de 66m. sur 16m. de large.

Un rez-de-chaussée et 3 étages (dont un des combles se développait sur 30m. de haut).

L’aile Nord :

            au rez- de chaussée :salles d’études et réfectoire de part et d’autre d’un vestibule central logeant l’escalier ;

            au 1erétage : salles de conférences et de congrégations ;

            au 2e étage : habitation des Pères et bibliothèque ;

            au 3e étage : enfilade des dortoirs.

Le bâtiment d’axe, double avec couloir central abritait encore dortoirs et chambres de professeurs ;

le rez-de chaussée et le 2e étage étaient tout entiers réservés à la pédagogie, avec salles de classe, de peinture ou de dessin, cabinets de physique et de chimie, etc.

L’aile Sud, semblable à l’aile Nord, était consacrée à l’église, située à gauche du vestibule d’entrée et se développant sur deux étages ; à droite, la grande salle d’exercice et le théâtre occupaient le rez-de chaussée ; infirmerie, pharmacie, lingerie, autres salles d’exercice et dortoirs se répartissaient sur 3 étages.

 Surface totale : 4565 m².

L’ensemble avait été conçu par Piérart dans le style néo-gothique justifié comme étant à la mode.

            Mais le Père Général vint stopper net le rêve de Piérart en blâmant « les dépenses de pur agrément et d’ornements inutiles ». L’aile Nord, déjà construite, fut modifiée et on construisit le bâtiment perpendiculaire pour y édifier la, seule chapelle (qui jusque là était provisoire, en bois et joliment nommée « Templum Bethleemiticum »…).

             En 1866 on prend pour architecte  M. Coureau. La chapelle, bénie par Mgr Donnet, s’élève dans le même style que le reste de l’édifice. Elles est composée d’une nef à collatéraux, de tribunes supportées par des colonnes de fonte, d’un choeur plus bas que la nef et encadré de deux sacristies. Au-dessus des tribunes deux étages étaient réservés aux chambres des professeurs et à un grand dortoir.

                                                                       Description de Jean-Claude Lasserre, op. Cit

« De la grande Chapelle,  écussonnée le long des tribunes par les portraits en médaillon des Jésuites sanctifiés au cours de trois siècles (Saint Louis de Gonzague, Saint Stanislas Kostka, Saint Jean Berckmans…), et, où, à droite du choeur, scintillait la châsse de Saint Procope allongé en sa tunique d’or, et tenant contre sa poitrine la palme du martyre, que je voudrais savoir ici vous rendre le parfum et la pacifiante demi-clarté !.. »

                                   Martial Piéchaud, conférence pour le Centenaire de Tivoli, le 29 avril 1951.

Un gigantesque incendie, le 2 février 1904, en une époque troublée entre l’Église et l’Etat, incendie combattu avec une « certain flegme »…, ravagea le Collège tout entier, sous le regard de plus de 10000 bordelais accourus !

            Il ne reste que quelques photos,  et des plans qui nous restituent la longue façade ordonnée, animée seulement par un léger avant-corps encadré de pinacles en encorbellement, et par de multiples fenêtres.

« Vision un peu naïve mais de qualité d’un pédagogue architecte, épris d’un XIIIe siècle de référence, mais simplifié et accommodé à la manière moderne ».

                                                                                   Jean-Claude Lasserre, op. cit.