Création du C A V

Le Centre Audio-Visuel (Jean-Louis Charrier)

Il est, pendant les années 1970-1980, la partie visible et spectaculaire de Tivoli.

Le C. A. V. naît en 1970 sous l’impulsion du Père Joseph Duvoisin, recteur de l’établissement dès 1969, et sous la direction de Bernard Lagaillarde et d’Olaf Malgras.

 Sensible à la modernité, le Père Duvoisin souhaite mettre au service de l’éducation et de la pédagogie toutes les ressources nouvelles que proposent des moyens techniques en pleine évolution dont les outils audio-visuels.

La mutation de Tivoli est considérable ! Les grandes salles d’études du rez-de-chaussée disparaissent au profit de locaux spécialisés : plateau TV, régie, salle de travail en groupes, salle des boxes, centre de documentation…

Il devient possible d’ouvrir un studio de production vidéo équipé de deux ou trois caméras et de garder en mémoire, sur bande magnétique, les productions réalisées !

Avec la vidéo, Tivoli entre dans une nouvelle époque !

Le mot d’ordre est simple : « la caméra s’utilise comme le stylo ». Et la création s’impose, sans doute au détriment de la technique, des méthodes et du langage audio-visuel, mais au profit des réalisations individuelles ou collectives. Les élèves, avec leurs enseignants, en classe et dans le temps scolaire, produisent des émissions en vidéo, des exposés illustrés de diapositives, des montages audio-visuels.

L’année 1972 voit l’ouverture du Centre de Documentation et d’Information (C. D. I.) qui, tout en adoptant  une politique d’acquisition, privilégie aussi la créativité des élèves qui photographient les documents nécessaires à leurs montages et constituent ainsi un fonds documentaire important. Dans ces années-là, on approche les 200 diapos en moyenne par semaine !

La créativité des professeurs eux-mêmes est, elle aussi, sollicitée : « comment mettre l’outil audio-visuel au service de mon enseignement, à celui de la formation de mes élèves ? »

Pour aider les intervenants amateurs à « passer devant la caméra » et faire « les présentateurs » ou « les acteurs », un comédien intègre l’équipe : c’est l’arrivée à Tivoli de Francis Basterot…..un comédien à l’école !

Ainsi l’équipe du C. A. V. – C. D. I. se composera-t-elle, dans les années 70 de sept à huit personnes (directeur, animateurs, techniciens, comédien, documentalistes) !

Quelques exemples

Création en 6ème  et 5ème

Dès 1972, 2 classes de 6ème ou 2 classes de 5ème travaillent, chaque après-midi, durant 2 heures, en ateliers, autour d’un thème : la préhistoire, Molière, les Lettres de mon moulin, le Moyen-âge…

 A leur disposition : les outils du C. A. V., ceux du C. D. I. et pas moins de 8 personnes (2 professeurs de français, 1 d’art plastique, 1 de travaux manuels, 2 animateurs du CAV, 1 comédien, 1 documentaliste !

Leur objectif :

  • se mesurer aux différentes techniques en traversant chaque atelier (recherche documentaire, radio, vidéo, prise de parole, reportage, construction de décors…)
  •  parvenir, en un trimestre (ou un semestre) à une réalisation concrète et, au terme de la période, en donner une présentation festive.

Cours d’Histoire-géographie

Les professeurs d’histoire- géographie fréquentent plusieurs heures par semaine les salles du C. A. V. et/ou celles du C. D. I. Par petits groupes de 2 ou 3 élèves, on travaille son sujet, recherche l’iconographie et présente un exposé avec diapos, un montage audio-visuel, un document vidéo….

T. I. T….en quelques lignes (Tivoli Informations Télévisées)

1973 : création de T. I. T à l’initiative de quelques élèves de 1ère dès lors que le matériel vidéo portable permet de sortir en reportage… Et cela change tout !

Auparavant, il faudra trois mois d’essais et de réflexion sous la conduite d’Olaf Malgras (cahier des charges, contraintes d’une prise de parole responsable des élèves…)

Quelques règles :

  • Engagement à produire un  journal hebdomadaire d’une vingtaine de minutes.
  • Diffusion le jeudi à 13 h, en direct et en public.
  • Projection en direct dans la salle des professeurs.
  • Tout sujet abordé peut faire l’objet d’une contestation et d’une éventuelle prise de parole au cours du journal suivant.

D’abord, T. I. T est un journal qui traite de l’actualité de l’établissement. Puis, il convie ses propres invités, des personnalités….. Enfin, le nouveau caméscope VHS permet de se déplacer facilement et les journalistes de T. I. T sont de plus en plus souvent appelés à l’extérieur : on se souvient, en particulier, de l’interview d’Yves Montand !

De grands moments :

  • La descente sur le plateau du Père Duvoisin venu pour rappeler la responsabilité de la parole !
  • Un invité de prestige : Jean-Louis Barrault !

Deux soirées  sur la chaîne nationale de FR3 : Mi Fugue Mi Raison en 1976 ( ?) et Parole donnée en 1982 ( ?) ?

« Je garde de cette période le souvenir d’un temps ouvert, lumineux, avec des élèves pleins de curiosité et qui se surpassaient pour réussir un projet commun »

Jean-Louis Charrier.

EXTRAITS DU TIT

Il était une fois, en 1969, un collège Jésuite, Tivoli, et son directeur, Joseph Duvoisin, pédagogue intuitif,  qui voulait transformer son établissement : il regardait le monde changer autour de lui, et se disait que l’audio-visuel, la télévision, le langage de l’image devraient entrer dans le cursus scolaire  des jeunes auxquels il faudrait apprendre à décripter les images comme on apprend à lire un texte.

Quoi de mieux, pour apprendre à décripter les images, que d’en faire soi-même ? Si l’écriture s’inspire de la lecture, si la lecture devient source de l’écriture, il en va de même avec l’image.

Lors d’une session de formation en Juillet 1969, le Père Duvoisin rencontre deux jeunes Jésuites, Bernard Lagaillarde et Olaf Malgras. Ils partagent tous les trois le même point de vue. Une visite au salon de l’audio-visuel  à Paris et les trois Jésuites dessinent, sur la nappe en papier d’un restaurant, le projet du Centre Audio-Visuel. On remplacera les deux grandes salles d’études du rez- de- chaussée par un studio de radio-télévision d’une part, auquel on associera, d’autre part, un Centre de Documentation.

Les ouvriers de Tivoli, menuisiers, serruriers, peintres…réalisent le projet pendant les vacances :

Construction d’un studio- son

 Installation d’un grand plateau de télévision avec régie, lumière…

 Installation de moquette, de portes coupe- son…etc…

 Fin Août, le matériel audio- visuel dernier cri arrive : postes de télévision en noir et blanc seulement à l’époque.

En septembre, tout est prêt et l’on découvre une merveille !  Tivoli est mieux équipé que l’Université qui dispense pourtant des enseignements sur la communication. Seule, la chaîne FR 3 est plus performante. Un ancien élève de Tivoli et réalisateur à la station régionale vient donner un coup de main.

Journée de rentrée :

Travail avec les enseignants pour mettre ce nouvel outil au service d’une nouvelle pédagogie. Tous les élèves de 6ème viendront dans ce studio au moins une fois par semaine avec leur professeur  pour regarder des montages ou en produire eux-mêmes.

Règle n°1 : il est impératif que ces activités se fassent au sein des cours …et non à côté.

Tous les élèves qui veulent faire des exposés en utilisant l’audio-visuel sont les bienvenus : rétroprojecteurs, appareils photos, studio- radio, studio- télé sont à leur disposition. Encadrés par les deux fondateurs puis un animateur qui vient compléter l’équipe, les élèves sont reçus au centre au CAV en permanence.

Règle n°2 : on produit de l’audio- visuel pour ne pas le subir !

Parallèlement, le Centre de Documentation permet aux élèves de chercher les informations qui constituent la base de leur montage ou de leur exposé. Attention : Internet n’existe pas encore à l’échelle que l’on connaît aujourd’hui !

Là aussi, deux documentalistes accueillent les élèves tout au long de la journée, les guident dans leurs recherches et font le lien avec le CAV.

Les initiatives se multiplient avec un grand enthousiasme.

On forme des enseignants venus de toute la France.

 A partir d’octobre 1971, les élèves composent un Journal TV hebdomadaire, le 13h de Tivoli, ou TIT diffusé dans tout le collège (salle des professeurs, couloirs, cour de récréation…).

Ce  journal produit et animé par un groupe d’élèves est diffusé en direct et représente l’événement incontournable de la semaine.

Des personnalités célèbres y ont été interviewées par les élèves :

M. Chaban- Delmas qui développait, sur les quais en première rénovation, des équipements culturels.

Jean-Louis Barrault, comédien célèbre, a parlé devant le micro des élèves du métier d’acteur et a accepté de « jouer » une mort devant nos caméras !   Cinq à six minutes d’un pur bonheur, dans un silence impressionnant…

Règle n°3 : s’ouvrir sur le monde et maîtriser les rouages de la communication.

Cette innovation a été encouragée, en France, par le ministère de l’Education Nationale dans les quinze années qui ont suivi. Plusieurs collèges et lycées, privés et publics, ont fait leur cette innovation.

 On dit même que, dans ce CAV, des élèves auraient trouvé là leur vocation et leur futur métier !

Dix ans plus tard, Joseph Duvoisin chérissait l’idée de reprendre ce projet en lui intégrant l’informatique et Internet !

Visionnaire, on vous dit !!!

 

Olaf Malgras

Rennes février 2017